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Charreire-petit Sandra, Surply Joëlle

Le Whistleblowing est une pratique qui vise à lutter contre la fraude et, plus généralement, contre les dysfonctionnements d’ordre comptable et financier en donnant la possibilité au salarié d’exercer un contrôle interne via une procédure d’alerte. Dans le contexte français, le Whistleblowing n’est pas inscrit dans la loi, mais il relève d’un ensemble de dispositifs mis en oeuvre via des chartes d’entreprises. Il s’agit d’une pratique qui relève d’un engagement volontaire pour aller au-delà du cadre légal afin de satisfaire les parties prenantes. Le Whistleblowing pourrait alors bien être qualifié de pratique socialement responsable. Cet article répond à une question jusque là non étudiée : comment le déploiement du Whistleblowing affecte t-il la liberté de l’acteur salarié et, de manière liée, le management stratégique de l’entreprise ? Cette recherche est exploratoire et vise à mettre en évidence des marges de manoeuvre pour les salariés face à la fraude et/ou à la suspicion de fraude. Nous mettons en évidence que cette pratique est porteuse d’un paradoxe entre des principes affichés (favoriser l’expression d’un libre arbitre) et les pratiques (maintenir l’ordre existant et la domination hiérarchique). Nous montrons ensuite que les acteurs peuvent s’affranchir de ce paradoxe par deux stratégies types qui contribuent à rétablir le libre arbitre du salarié : la remise en cause du devoir d’obéissance à la hiérarchie d’une part, et l’obéissance à la loi comme acte de liberté, d’autre part. Le principal résultat de cette recherche – les deux stratégies types supra – est présenté sous la forme d’un jeu de propositions comportant cinq hypothèses ou propositions. Nous portons ici un regard critique sur une association hâtive entre une pratique et la dimension socialement responsable dont l’entreprise se prévaut.