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Jonczyk Claudia, Laroche Hervé, Steyer Véronique

Cette étude s’appuie principalement sur la théorie du sensemaking de K.E. Weick pour analyser un cas de « bonne » surprise, c'est-à-dire de surestimation du danger, celui de la « pandémie grippale » de 2009. En effet, lorsqu’en avril, un nouveau virus grippal, le A(H1N1)2009, paralyse le Mexique, c’est l’émoi et la mobilisation au sein de la communauté internationale. Que va-t-il se passer ? Les acteurs concernés ont tous en tête la « grande pandémie grippale », celle que l’on craignait avec la diffusion de la grippe aviaire. Or, six mois plus tard, le gouvernement français solde ses vaccins : la catastrophe annoncée n’a pas eu lieu. A(H1N1) semble plus ressembler à une grippe saisonnière qu’à la grippe espagnole. La communication se focalise sur la réaction des grandes entreprises françaises, entre avril et décembre 2009, à travers deux études : l’une s’intéresse à la réaction de la cellule de crise d’un grand groupe, l’autre suit les échanges d’un groupe d’échanges entre praticiens, maîtres d’oeuvre de la réaction de leurs entreprises. Ces deux groupes étant insérés dans un environnement fortement structuré par des facteurs institutionnels nationaux et supranationaux, l’analyse de la cognition et de l’action en leur sein mobilise des contributions théoriques récentes liant institutions et sensemaking pour permettre l’articulation des différents niveaux. Notre analyse met ainsi en évidence l’influence de deux « noeuds » de facteurs institutionnels dans le processus de sensemaking des deux groupes d’acteurs. Le premier se rapporte aux autorités nationales et internationales. Le deuxième se focalise autour de la fonction des acteurs. Elle éclaire ainsi différents phénomènes d’inertie dans l’action et la difficulté à reconsidérer les plans initiaux. Elle met enfin en lumière l’importance des préoccupations relatives à la légitimité et la crédibilité chez les acteurs, dans la perspective de préserver leurs identités sociales, et d’anticiper des attributions de responsabilité.