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Chanson Guillaume, Edouard Serge

Longtemps considérée comme statique, l’analyse des réseaux sociaux tend à s'enrichir en portant davantage sur leur évolution. Dans cette perspective, cette recherche analyse le cas d’une réorganisation (de la structure formelle et de la disposition des bureaux) au sein d’un département d’une SSII française. Cette étude de cas repose sur une collecte de données sur longue période, avant et après la réorganisation, à travers une observation participante et des entretiens. Elle imbrique les évolutions d’organigramme et de réseaux sociaux en tenant compte des statuts hiérarchiques dans l’analyse structurale. Il ressort de l’analyse structurale, d’une part, que le réseau social résiste à cette profonde réorganisation en s’adaptant : il perd ainsi sa connexité, son noyau se rétrécit alors que sa périphérie s’accroit, les sous-groupes de relations réciproques se calent sur les équipes formelles. De l’autre, les positions des acteurs se modifient : alors que les responsables perdent leur position centrale pour se recentrer sur leur équipe, les relations inter-équipes sont maintenues par les développeurs.

Edouard Serge, Gratacap Anne

Peut-on encore introduire de nouvelles théories en management stratégique, susceptibles de constituer un réel progrès ? Afin de proposer des pistes de réponse à cette question, l’article examine un courant - l’approche par les écosystèmes d’affaires - susceptible d'expliquer pourquoi son ancienneté (Moore, 1993) ne s’est pas traduite par une reconnaissance plus rapide (Teece, 2007). Ce paradoxe est examiné à travers le double prisme de la méthodologie des programmes de recherche de Lakatos et de la sociologie du champ scientifique de Bourdieu. Ces deux analyses s'avèrent en effet très complémentaires . La première identifie les conditions épistémologiques d’acceptation d’une nouvelle théorie, alors que la seconde met l’accent sur les conditions sociales. Ainsi, en premier lieu, cette théorie s’inscrit dans un programme de recherche bien identifié en management stratégique : l’organizational ecology. Elle l'améliore en termes conceptuels et contribue aussi à en assurer la pertinence, (axe écologie des communautés (Astley, 1985). Cette capacité à expliquer de nouveaux phénomènes stratégiques en fait un programme de recherche “ progressiste ”. En second lieu, cette théorie a malgré tout eu du mal à s’imposer. Une analyse en termes de champ disciplinaire permet de mieux comprendre sa trajectoire de positionnement, et le passage d’une stratégie de subversion à une stratégie d’officialisation.