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Daidj Nabyla

Les années 1970 et 1980 ont été marquées par une abondante littérature sur les différentes formes d’organisations territorialisées (clusters, grappes technologiques et industrielles, districts industriels, districts technologiques, milieux innovateurs, régions apprenantes, pôles d’excellence, de compétitivité, systèmes productifs locaux) qui s’apparentent pour certaines d’entre elles à des réseaux. Si ce thème d’étude a été suivi dans la décennie suivante par celui des réseaux et des alliances stratégiques, c’est au tour aujourd’hui du concept d’écosystèmes d’affaires de susciter de très nombreuses réflexions et de faire l’objet d’un fort engouement. Tout devient « écosystème » dès lors qu’un certain nombre de caractéristiques sont identifiées : plusieurs acteurs en interaction issus de différents secteurs d’activités partageant une vision stratégique « commune » autour d’un leader qui parvient à imposer sa technologie. L’objectif de ce travail exploratoire est de clarifier sur le plan théorique le concept d’écosystème à partir d’une réflexion plus générale sur les réseaux qu’ils soient territorialisés (ou non), interorganisationnels et intraorganisationnels. Nous montrerons l’évolution des formes d’organisation en réseau jusqu’à l’émergence des écosystèmes tout en essayant de les mettre en perspective sur la base des principaux corpus théoriques mobilisés. Peut-on mettre en évidence une convergence de ces différents systèmes voire des similitudes entre eux ? Nous essayerons de répondre à la problématique suivante : les écosystèmes s’apparent-ils à une forme spécifique de réseau (et notamment par son mode de fonctionnement) ou sont-ils réellement une « nouvelle » forme d’organisation originale ? Pour répondre à cette question, nous avons eu recours à plusieurs corpus théoriques et notamment à un travail récent conduit par Peltoniemi (2004). Cet auteur a présenté les trois modèles que constituent les clusters, les écosystèmes et les réseaux et a choisi cinq critères permettant de les comparer : la dimension géographique, l’émergence de relations coopétitives, le concept d’industrie, le management et le transfert de connaissances et le contrôle. Dans la continuité de ces travaux, nous avons repris chacun des éléments de cette grille d’analyse pour essayer d’établir le caractère « original » et spécifique (ou non) des écosystèmes. Les conclusions de ce travail préliminaire sont les suivantes : - l’écosystème peut être perçu comme un concept ambigu sujet à de multiples représentations et interprétations. Il se confond avec d’autres formes de réseaux et il n’est pas toujours évident d’arriver à l’identifier en tant que forme spécifique ; - l’écosystème peut s’apparenter à un réseau d’innovation non territorialisé ; - il n’y a pas de lien entre l’écosystème et des recommandations normatives. Les auteurs n’insistent pas vraiment sur les moyens et les stratégies d’amélioration des performances d’un écosystème ni sur les actions les plus appropriées dans sa phase de développement. Ces premières réflexions devront être approfondies dans un prochain travail sur le plan théorique et validées au niveau empirique.