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Trehan Natacha

Auteur

Natacha TREHAN

 

Résumé

Dans les publications universitaires faisant suite à des recherches empiriques, la croissance externe apparaît plus souvent comme une manoeuvre stratégique où une grande entreprise joue le rôle de prédateur (Paturel, 1992, Chiavelli, 1980). Les entreprises personnelles et familiales de moyenne dimension sont souvent considérées comme des cibles potentielles pour les grandes sociétés (Schwartz, 1982) et non comme des acteurs d'opérations de fusions, d'acquisitions, de prise de participation majoritaire...

Très peu de travaux récents, à notre connaissance, ont cherché à analyser les conditions et modalités de la croissance externe entre entreprises personnelles et familiales de moyenne dimension. Une raison pourrait être la difficulté d'accès à l'information (cas où les entreprises ne sont pas cotées, par exemple), qui n'existe pas dans l'étude des restructurations des grandes firmes. Pourtant, le sujet est digne d'intérêt puisque 13% des entreprises personnelles et familiales de moyenne dimension, françaises, envisageraient d'acquérir, à court terme, de nouvelles entreprise1, voire de fusionner.

A priori, il n'existe pas de forme de développement à privilégier et nous avons conscience que la croissance est loin d'être un phénomène naturel et général. Quelques petites, ou très petites entreprises ont, en effet, peu de raisons de croître (Julien et Marchesnay, 1996). Néanmoins, certaines entreprises personnelles et familiales de moyenne dimension, en France, constituent une pépinière d'où émergeront de nouvelles grandes entreprises et la croissance externe peut constituer une alternative de développement à ne pas négliger : tel est le lemme sous-jacent dans notre étude.

Notre ambition est d'essayer de comprendre la spécificité du choix et de la mise en oeuvre de la croissance externe pour l'entreprise personnelle et familiale de moyenne dimension. Cette problématique sur "l'entreprise moyenne" personnelle et familiale est justifiée, car bien que très composite (cf. Marchesnay (1997) "la moyenne entreprise existe-t-elle ?") cette notion "d'entreprise moyenne", comme l'a montré l'un des premiers auteurs ayant défriché le domaine, Barreyre (1967), n'en constitue pas moins, pour autant, une réalité socio-économique, voire socio-politique. En dépit de ses frontières incontestablement floues, elle regroupe un certain nombre d'entreprises avec des attributs communs, que nous développerons par la suite. Notre problématique se pose donc plus en termes de contingence, qu'en termes de taille stricto sensu. Les critères de dimension ne sont qu'un paramètre parmi d'autres à considérer dans les facteurs de contingence, présentés en conclusion, mais permettant de délimiter un champ d'investigation spécifique.

Par souci de clarté, et de cohérence avec l'ouvrage de Gélinier et Gaultier (1974), dont le propos concerne, également, les entreprises personnelles et familiales, essentiellement, de moyenne dimension, ces dernières seront simplement nommées EPF.

Dans une première partie, nous avons entrepris, comme il est d'usage, une revue de la littérature. Les travaux de références étant, dans leur majorité, assez anciens et peu nombreux, nous avons, en conséquence, proposé un certain nombre d'hypothèses concernant l'existence de nouveaux éléments, en faveur de la croissance externe entre EPF, et de facteurs contraignants, liées à la nature même de ce type d'entreprises. Une étude exploratoire portant sur 120 entreprises nous permet de mieux cerner nos premières hypothèses.

Néanmoins, elle ne rend compte que partiellement de la spécificité de la problématique de croissance externe entre EPF. Dans une seconde partie, nous sommes donc amenés à nous intéresser à une démarche de "problem solving", englobant l'ensemble du processus de prise de décision stratégique dans l'entreprise, depuis la genèse, jusqu'à la mise en oeuvre, en passant par les différentes phases de diagnostic, négociation, formalisation des accords, ... Une étude de cas illustrant certaines facettes de ce problème est présentée. Les enseignements de cette recherche exploratoire nous permettent, en conclusion, de proposer un schéma directeur de l'analyse des facteurs de contingence des opérations de croissance externe entre EPF.