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Roubelat Fabrice

Auteur

Fabrice ROUBELAT

 

Résumé

Depuis le milieu des années quatre-vingt (Buigues, 1985, Godet, 1985, 1997), la prospective s’est intégrée dans la littérature du management stratégique. En particulier, les techniques utilisées en prospective, et plus spécialement les scénarios dont la diffusion dans les entreprises date des années soixante-dix et quatre-vingt, sont devenus des outils de décision stratégique tout à fait classiques (Allouche et Schmidt, 1995) pour l’éclairage de la politique générale de l’entreprise (Marmuse, 1996). Ainsi l’approche prospective constitue une préoccupation pour le manager (Baumard, 1996) et une source de stimulation du questionnement stratégique (Koenig, 1996). Depuis la fin des années quatre-vingt, le concept de prospective stratégique s’est par ailleurs développé dans un certain nombre d’entreprises, notamment publiques (Lesourne et Stoffaës, 1996), en liaison avec des processus de changement stratégique, eux-mêmes principalement liés à la dérégulation des services d’utilité publique. De pratique d’entreprise, la prospective est également devenue un champ de recherche en sciences de gestion.

Si la prospective d’entreprise, en tant que champ de recherche portant sur la stratégie des organisations, entre dans le cadre du management stratégique, ses origines particulières rendent cependant nécessaire un examen approfondi de son statut épistémologique et de son positionnement méthodologique dans le cadre des sciences de gestion. Ainsi la première partie de cette contribution revient sur les origines de la prospective en insistant plus particulièrement sur le rôle dans cette genèse des préoccupations de chercheurs de disciplines constituées comme la philosophie, l’histoire et la sociologie d’une part et de champs de recherche pluridisciplinaires comme la recherche opérationnelle d’autre part. Reliant prospective générale et prospective appliquée, la deuxième partie met en évidence, qu’outre une réflexion sur le temps, la méthodologie prospective contribue à élargir le champ de l’analyse stratégique de l’organisation. La troisième partie insiste cependant sur le fait que la prospective, en tant que processus, n’est pas seulement un outil d’analyse mais contribue aussi à la création de sens dans l’organisation. A partir de l’analyse diachronique du développement de la prospective stratégique en France, la dernière partie montre enfin que ce processus déborde le cadre de l’organisation et implique non seulement les acteurs de l’entreprise mais aussi ceux de son environnement.