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Mayrhofer Ulrike, Roth Fabrice

Auteur

Ulrike MAYRHOFER

Fabrice ROTH

 

Résumé

Depuis une vingtaine d'années, les mesures de déréglementation mises en place par les principaux Etats industrialisés, et le rythme soutenu du progrès technique, ont poussé à l'internationalisation des entreprises. Aujourd'hui, dans un contexte de mondialisation, les entreprises s'organisent pour adopter une stratégie leur permettant de capter en priorité les marchés situés dans un nouvel espace d'échanges tripolaire, constitué de l'Europe, des Etats-Unis et du Japon. Après s'être internationalisées pour résister à la pression de la concurrence qu'elles doivent affronter aussi bien sur les marchés étrangers que locaux, les firmes tendent à devenir globales. Leur but n'est plus tant d'étendre leur présence à l'étranger que d'organiser leurs moyens et leurs ressources pour en obtenir la plus grande efficacité et renforcer leur compétitivité.

Toutefois, le phénomène de globalisation est un processus multidimensionnel qui allie des transferts de technologie, des mouvements de marchandises et des flux de capitaux. Cette composante financière met en évidence le rôle essentiel joué par les banques et les compagnies d'assurance. Celles-ci, au travers des opérations de financement et des prises de participation qu'elles réalisent, agissent comme des créatrices d'interdépendances. Aussi apparaît-il légitime de s'interroger sur les stratégies financières des entreprises de ce secteur. De plus, les politiques de libéralisation des activités financières, à la charnière des années 90, se sont traduites par une libre circulation des capitaux et des services au sein de l'espace communautaire européen, accentuant les phénomènes de rapprochement dans les services (Urban, Mayrhofer et Nanopoulos, 1997). Néanmoins, les liens tissés dans le secteur tertiaire demeurent un champ d’investigation peu exploré en management stratégique. Enfin, la place prise par les technologies de l'information dans le processus de production des entreprises touche au coeur même des métiers de banque et d'assurance et augmente la pression sur les coûts. Dans leurs relations avec d'autres agents, ces entreprises doivent en effet supporter des coûts de transaction dans l'acquisition d'informations. Ces actifs incorporels agissent donc comme des actifs spécifiques, au sens de Williamson. Dans un secteur où l'activité possède un caractère immatériel, l'importance des processus d'information amplifie celle du contrôle de l'entreprise et des diversifications menées à l'intérieur du secteur financier (principes de la banque universelle et de la bancassurance).

Pour autant, la confiance est un élément indispensable à toute décision de partage : partage des ressources, partage d'influence, partage de pouvoir. Or, la confiance est facilitée par la proximité culturelle des partenaires. Dans ce contexte, il est devenu courant d'opposer deux modèles d'organisation économique : le modèle anglosaxon, dominé par les marchés financiers, et le modèle japonais, où le système bancaire assure une fonction stabilisatrice (avec un modèle allemand assimilé au modèle japonais, et des modes hybrides caractérisés par une intervention plus ou moins forte de l'Etat). Ces différences de gouvernement des entreprises suggèrent que les modalités de rapprochement seront fortement influencées par la nationalité des initiateurs. A l'heure de l'intégration politique européenne, il est dès lors tentant de comparer un échantillon d'entreprises financières françaises et allemandes, et d'identifier d'éventuels facteurs de convergence. C'est l'objet de cette étude exploratoire.

Nous commencerons par caractériser les stratégies de rapprochement dans la banque et l'assurance pour dégager ensuite les principaux éléments constitutifs des modèles de gouvernement d’entreprise français et allemands (partie 1). A la lumière de ces réflexions, quelques résultats tirés de l'étude d'une base de données francoallemandes seront présentés et commentés (partie 2).