AIMS

Deschamps Bérangère
La croissance externe comme corpus théorique pour la reprise d’une entreprise par une personne physique

Auteur

Bérangère DESCHAMPS

 

Résumé

Depuis une dizaine d’années, en France, tous les ans, 50 000 déclarations de reprises d’entreprises sont enregistrées (Problèmes Economiques, 1997) ; de plus en plus de managers, désireux de réaliser leur rêve et d’investir leur expérience dans leur propre entreprise, d’artisans souhaitant voler de leurs propres ailes et de cadres en rupture de salariat caressent, en effet, l’ambition de racheter une PME. Cependant, nombre de ces opérations sont réalisées par des firmes qui en acquièrent d’autres dans le cadre de leur politique de croissance. En 1993, Paturel réalise l’état des lieux des restructurations par croissance externe en France et insiste sur leur importance (47 % des opérations), sur leur caractère international et sur l’objectif recherché par les entreprises, à savoir le renforcement sur les métiers de base.

La variété des entreprises reprises entraîne une grande diversité au niveau des impacts de la reprise sur l’environnement, en termes de nombre et qualité des emplois sauvegardés, richesse supplémentaire générée, ressources renouvelées pour les collectivités locales, modification de l’équilibre concurrentiel au sein du secteur, renouvellement éventuel des méthodes de management.

Dans les deux types d’opération (la reprise d’une firme par une personne morale ou physique), le résultat de la démarche est le rachat d’une firme. Aussi, nous nous interrogeons sur les similitudes de ces deux processus aux niveaux de la démarche, et des aspects temporel, financier, organisationnel et humain.

Plus généralement, si les deux opérations se révèlent semblables, qu’en est-il du rapprochement d’un corpus théorique très riche en recherche académique, celui de la croissance externe, à un thème très pauvre pour le moins en France, celui de la reprise d’une entreprise par une personne physique ?

Parmi la diversité des opérations de croissance externe et de reprises, seules certaines situations semblent répondre à notre problématique ; c’est pourquoi, nous commencerons dans la première partie par nous positionner sur les deux concepts et par expliquer quelles acquisitions nous intéressent.

La seconde partie de l’article, sur les similitudes entre les implications des deux opérations de rachat, est le fruit d’une double analyse, à la fois théorique et empirique. Nous avons commencé par étudié de façon isolée la reprise d’une entreprise par le particulier (essentiellement à partir d’articles pratiques) et la croissance externe des entreprises. L’idée de rapprocher ces deux thèmes, notamment au niveau de leurs implications, est née de l’analyse de quatre entretiens exploratoires, que nous avons réalisés en région grenobloise.

Par « acquisition », terme que nous utiliserons particulièrement en deuxième partie, nous regroupons les deux opérations : reprise et croissance externe. Pour la suite de l’article, la croissance externe sera notée CE et le mot « reprise » impliquera automatiquement la reprise d’une entreprise par une personne physique.