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Curchod Corentin, Seraidarian Fabien

Auteurs

Corentin CURCHOD

Fabien SERAIDARIAN

Résumé

Dans le présent article, nous nous interrogeons sur les rapports entre le temps construit, c’est à dire mis en forme et géré par des plannings, et le temps vécu par les individus dans les organisations, autrement dit le temps du travail quotidien des acteurs soumis à l’imprévu.
Pour cela, nous nous appuyons sur le récit et l’analyse de deux expériences réelles de gestion de projet aux côtés de cabinets de conseils. Nous avons pour ambition de comprendre pourquoi les organisations concentrent tant d’énergie à construire le temps alors que le temps vécu échappe toujours aux démarches de planification, et comment elles réagissent face aux dérapages inévitables entre temps vécu et construit. Nous aboutissons à quatre résultats. Tout d’abord, le planning, apparemment rigide, s’avère en fait malléable, et sert à de nombreuses fonctions au-delà de l’organisation du temps. De plus, face à des dérapages temporels prévisibles, les réactions conduisent à contraindre encore plus l’action à se conformer au temps construit. Ensuite, la difficulté à articuler le temps construit et le temps vécu semble s’expliquer par la capacité des acteurs à manipuler le construit en fonction de leurs intérêts.
Enfin, en corrélation avec les dérapages temporels, les contours mêmes du périmètre du projet sont mouvants et difficiles à identifier au cours du temps. La gestion du temps consistant à articuler temps construit et temps vécu apparaît donc très insatisfaisante. Mais, dans les organisations, il semble aussi difficile de se passer d’un « planning ». Nous proposons finalement de résoudre l’opposition temps construit vs. temps vécu par une révision de la référence au temps inscrite dans les plannings. Une première solution est de construire des plannings à granulométrie croissante, une seconde est de remettre en cause l’usage de la structure projet pour promouvoir un processus de coordination émergent.