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Magakian Jean-louis

Auteur

Jean Louis MAGAKIAN

Résumé

L’objectif de notre article est d’incorporer la dimension intra-subjective du langage issue de la psychologie socio-constructiviste de L. Vygotsky dans le cadre d’un processus intentionnel d’initiation du changement organisationnel. Les échanges de discours et les différentes formes de communications visent à accompagner les individus dans la conscientisation des enjeux stratégiques pour l’organisation. Cependant, si le sens objectif contenu dans ces communications peut en effet créer une tension favorable entre le présent et le futur pour les acteurs du changement, rien n’autorise cependant à prédire que la finalité sera acceptée, intériorisée pour être mis en actes, c’est-à-dire suivies d’une intention volontaire et réflexive sur elle-même en agissant au niveau des représentations premières afin de réaliser les premières étapes nécessaires initiant un processus de changement effectif. Dans le raisonnement d’une préparation au changement intégrant la conscience réflexive de ce
changement et des actions qui lui sont liés, nous proposons ici d’inclure une autre forme de discours, le langage exprimé pour soi-même (les soliloques). Cette forme de langage nous permet d’examiner les échanges discursifs dans leurs fonctions intrasubjectives et non pas seulement intersubjectives dans le processus de conscientisation des buts et des enjeux du changement. C’est également en parlant entre eux et à voix haute que les acteurs intériorisent le sens de ce qu’ils perçoivent : les situations d’échanges au cours des réunions formelles et informelles et de commentaires provoquent autant de prétextes pour se parler à soi-même (dimension intrasubjective du langage) que pour communiquer (dimension intersubjective).
Dans cette optique, nous exposons une démarche de préparation et d’initiation au changement qui puisse s’inscrire dans le cadre d’une épistémologie socio-constructiviste pour laquelle le langage en société exerce ce rôle capital de tuteur de la conscientisation, d’analyseur des possibles, d’intermédiaire entre la pensée chaotique par nature et le son de la voix comme moyen phonique matériel pour l’expression des idées. Il s’agit pour nous d’initier cette prise de conscience,  individuellement et collectivement au travers d’une tension dialectique entre ces deux niveaux. Notre proposition s’appuie sur le discours et la parole comme « signes » et « interfaces » du changement entre deux formes organisationnelles et deux situations dans le temps.