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ST-AIMS 02 : (Re)penser les objets du management de manière critique : enjeux, défis et perspectives

Mots-clés : approches critiques, discours managériaux, pratiques et organisations alternatives, perspectives féministes, approches post-dé-coloniales
 

L’atelier « approches critiques en management » constitue un espace d’expression et de réflexion autour des perspectives critiques en management, stratégie et théorie des organisations. Ces approches peuvent être définies au sens large comme cherchant à dénaturaliser, à déconstruire, les pratiques et les concepts du management, en ne cherchant pas à contribuer à améliorer la performance des organisations, mais plutôt à prendre du recul de manière réflexive sur ces pratiques et ces concepts (Fournier & Grey, 2000). Traditionnellement, les approches critiques mobilisent des penseurs issus du champ des sciences sociales (Sponem & Morales, 2009), pour déployer des analyses tant structuralistes (d’inspiration marxistes) que post-structuralistes (d’inspiration foucaldienne) (pour une synthèse, voir Adler, Forbes & Willmott, 2007). Plus largement, des travaux féministes (Calas & Smircich, 2006) ou encore post-colonialiste (Banerjee & Linstead, 2001) permettent de jeter un éclairage critique sur les objets du management.

Le champ des « critical management studies » s’est développé depuis plusieurs décennies de façon importante au sein de la recherche anglophone (Hartmann, 2014). La progressive institutionnalisation de ces approches a vu la création d’une section « CMS » à l’Academy of Management. Une conférence dédiée spécifiquement aux CMS a également lieu tous les deux ans . Ces approches ont leurs revues dédiées, qui assoient leur légitimité académique et scientifique. Nous pouvons notamment citer Organization et Management Learning.

Dans le monde francophone, cette institutionnalisation est également en cours. En particulier, un colloque doctoral « approches critiques en mangement » a lieu depuis 2007, et cherche à créer une conversation francophone autour de ces enjeux, en fédérant une communauté de doctorant.e.s francophones travaillant sur des enjeux critiques au sens large (Voir Jaumier et al., 2019 pour une synthèse des contributions de la dernière édition du colloque doctoral CMS).

Face aux évolutions du capitalisme néolibéral, à la visibilité et l’importance des mouvements sociaux de contestation, qu’ils soient anticapitalistes, féministes, ou antiracistes, le nombre de doctorant.e.s et docteur.e.s travaillant sur des enjeux critiques au sein de la discipline management est de plus en plus important, d’autant qu’il est désormais possible et reconnu de produire de la connaissance critique au sein de ce champ.

Enfin, certaines revues francophones font désormais une place aux travaux critiques, comme par exemple M@n@gement, qui a désormais un éditeur spécifiquement attaché à cette catégorie de recherches (voir par exemple Ouahab & Maclouf, 2019). D’autres revues, comme la Revue Française de Gestion, proposent également des travaux cherchant à penser des alternatives aux modes de management actuels (voir par exemple : Picard & Martí Lanuza, 2016; Dorion, 2017).

Pour cette deuxième année au sein de la conférence, nous proposons de « (re)penser les objets du management de manière critique : enjeux, défis et perspectives ». Cette édition vise en particulier à élargir le spectre des approches qu’il est possible de mobiliser au sein des CMS, et à faire une place non seulement aux approches souvent adoptées (foucaldiennes, marxistes, psychanalytiques), mais aussi à des perspectives féministes, écologistes, décoloniales, antiracistes. Il s’agit de poser les bases de la conversation du groupe thématique dans des termes qui permettent d’envisager tous les effets politiques des pratiques et concepts du management. Cette édition doit permettre d’introduire des cadres souvent peu utilisés dans le monde francophone (par exemple la Labour Process Theory) mais également d’identifier de futures communautés de chercheur.e.s critiques (autour des questions féministes et décoloniales par exemple). Par ailleurs, en nous appuyant sur des philosophes et sociologues d’expression française (Hartmann, 2014), les communautés francophones sont bien placées pour bâtir des contributions dans le champ. Cet atelier pourrait alors servir de plateforme pour construire collectivement de telles contributions théoriques à partir du monde francophone.

 

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