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4ème Colloque Interdisciplinaire sur la Défaillance d’Entreprise (CIDE 2019) - Université de Lille - 29 novembre 2019 - Appel à communications - 01 Octobre 2019 - IAE de Lille

Loin d’être un événement rare qui n’arrive qu’aux autres, l’échec et sa forme la plus aboutie, la faillite, font désormais partie du paysage permanent des entreprises et des organisations tant en France que dans le reste du monde. La faillite affecte non seulement la condition de vie des salariés mais aussi les économies de villes et de régions entières. De façon globale, la littérature anglo-saxonne parle de business failure.
Il n’y a pas, à proprement parler, de « théorie de la faillite » mais des éclairages différents au travers de plusieurs disciplines : droit, finance, sociologie, histoire, management, stratégie ou encore, sans être exhaustif, entrepreneuriat. Tous les travaux en lien avec l’échec et la défaillance cherchent à mettre en évidence les déterminants à l’origine de l’échec, les mesures -qualifiées de restructuration- permettant de surmonter les difficultés et les outils destinés à la prévenir le plus en amont possible.
Les recherches s’articulent autour de quatre grands courants de recherche :
Le premier est à dominante stratégique. De nombreux auteurs (Argenti, 1976 ; d’Aveni, 1989) se sont efforcés de comprendre la faillite à l’aune de l’environnement et de la concurrence. Dans ces travaux, les variables organisationnelles et comportementales ont été mises en avant pour expliquer le processus de faillite. Au sein de ce courant, les auteurs considèrent que les succès ou échecs de l’entreprise sont dus à des facteurs internes (financiers, organisationnels, productifs), externes (environnement, nouvelles technologies, croissance et cycle de vie, … ) et aux capacités d’adaptation des entreprises (Furr et Kapoor, 2017). D’autres travaux mettent en évidence l’importance de la gouvernance d’entreprise dans les succès ou les échecs des entreprises (Gales et Kestner, 1994 ; Ciampi, 2015). Plus récemment, d’autres recherches se sont articulées autour de l’entrepreneuriat (Ucbarasan et al., 2013 ; Khelil, 2016).
Le deuxième est à dominante organisationnelle et managériale. Il s’agit de comprendre la capacité d’adaptation des structures (organisations), des processus (systèmes de gestion mis en place) et du comportement des acteurs (rôle du dirigeant). Plusieurs axes ont été développés. L’évolution de l’environnement (de stable à incertain) oblige les organisations à développer des compétences et des modes de gestion qui peuvent être divers. Un autre axe de recherche s’est penché sur les erreurs de gestion. De ce point de vue, la littérature est foisonnante car le recensement des erreurs est large (on en dénombre plus de 50). Enfin, un dernier axe s’articule autour de la personnalité, la compétence et les caractéristiques du dirigeant (Torres, 2017).
Le troisième est à dominante financière. Les travaux précurseurs sont l’œuvre de Beaver (1966) et d’Altman (1968). Cela a donné naissance à une très vaste littérature sur les modèles de faillite (on recense dans les seules revues de recherche opérationnelle et financière plus de 200 articles traitant des méthodes et modèles de faillite sur la période 2000-2018). L’idée sur laquelle repose tous ces travaux est que l’on peut trouver l’explication des faillites d’entreprises au travers de leurs états financiers. La quasi-totalité de ces travaux considère deux catégories d’entreprises (des entreprises saines et des entreprises faillites) et cherche au travers de modèles plus ou moins sophistiqués (linéaire, non linéaire) à prédire l’état futur d’une firme. L’idée est d’être capable de savoir si, à l’avenir, l’entreprise sera en mesure de faire face à ses échéances ou non, auquel cas elle sera déclarée défaillante. En filigrane, c’est bien le droit au travers de la qualification de la firme (faillite ou non faillite) qui est le ‘juge de paix’ de tous ces modèles. L’intérêt de ces modèles est patent pour le financement des entreprises car ils ont vocation à permettre de gérer le risque des établissements de crédits et, au-delà, à permettre aux entreprises de se développer voire de faire face aux difficultés qu’elles rencontrent.
L’aspect juridique est le quatrième courant à partir duquel de nombreux travaux ont été développés. C’est, au sens large, le courant Law and Economics. Au sein de ces travaux, les auteurs cherchent à mesurer l’efficience et l’efficacité du cadre juridique dans la résolution des difficultés. Une vaste littérature s’est penchée sur l’influence du cadre légal sur les comportements financiers. Depuis La Porta et al. (1998), on observe, au travers des études, une ligne de démarcation assez nette entre la tradition de la Civil Law (dont la France est encore la pleine illustration) et celle de la Common Law (dont l’archétype serait la Grande Bretagne au travers de l’Administrative Receivership spécialement conçu pour protéger le droit des créanciers). Finalement, toutes les questions de ce champ de recherche s’articulent, peu ou prou, sur la recherche d’un cadre législatif idéal selon les critères suivants : la protection des créanciers, le respect de l’ordre de priorité et l’efficacité économique (Blazy et al., 2014).
En définitive, ce phénomène de l’échec est à présent aujourd’hui considéré comme un vrai objet d’étude qui suscite l’intérêt de nombreux chercheurs et praticiens, d’autant plus que l’échec et la faillite se distinguent de plus en plus de la notion d’infamie, même si cette dernière est encore prégnante dans certains pays comme la France.
Quelle que soit l’approche théorique (déterministe versus volontariste) ou méthodologique (qualitative versus quantitative) mobilisée ou, encore, le niveau disciplinaire ou d’analyse étudié (entrepreneur, entreprise, organisation -publique ou non-, environnement), les chercheurs sont toujours confrontés à la réalité complexe et protéiforme de l’échec.
Bien que les approches traditionnelles de la défaillance d’entreprise adoptant le plus souvent une perspective unidimensionnelle, linéaire et binaire dominent à ce jour, il existe une tendance de plus en plus marquée pour les approches intégratives. Selon ces approches, l’échec est vu comme un phénomène multi dimensionnel et complexe.
C’est dans ce cadre que s’inscrit le 4ème Colloque Interdisciplinaire sur la Défaillance d’Entreprise.
Au-delà des causes (pour quelles raisons certaines entreprises échouent-elles et d’autres non ?) ou encore des conséquences (quelles sont les conséquences que peut avoir l’échec sur les acteurs ?), toutes les contributions à dimension empirique ou théorique, quantitatives ou qualitatives, sur le thème de la défaillance des entreprises (petites, moyennes ou grandes) et des acteurs ayant connu l’échec, sont les bienvenues.
Il sera apprécié les communications portant plus particulièrement sur les outils d’aide (au sens large) à la détection ainsi que celles prenant en compte des éléments spécifiques aux organisations et aux acteurs.
On peut citer les thèmes suivants (liste non exhaustive)
• Identification des déterminants de la faillite/des difficultés des entreprises,
• Défaillance, performance et structure financière,
• Relation entre gestion (gouvernance, gestion des ressources humaines, … ) et défaillance,
• Comptabilité et échec,
• Entrepreneuriat, échec et défaillance,
• Spécificité des entreprises et échec,
• Survie et accompagnement,
• Mécanismes et instruments (outils) de prévention des difficultés des entreprises,
• Transmission d’entreprise et défaillance,
• Coûts et conséquences de la défaillance,
• Consommation, marketing et échec,
• Politiques de ressources humaines, risque d’entreprise et destruction de valeur,
• Relation entre les caractéristiques du dirigeant et la défaillance des PME,
• Nouveaux modes de gestion et survie des entreprises,
• Études de cas de faillite (points de vue économique, managérial et/ou juridique),
• Sous-traitance du dirigeant dans un contexte de difficulté.
S’intéresser à la difficulté et à son stade final à savoir la faillite présente un triple intérêt.
Le premier est pratique. Face à un contexte de plus en plus incertain et complexe, la problématique de la pérennité des entreprises est constamment présente au sein des organisations quelle que soit leur forme ou leur nature.
Le deuxième est méthodologique. L’approche quantitative a été largement utilisée pour prédire et identifier la faillite. Néanmoins, ces approches sont-elles exhaustives ? Quelles sont leurs limites ? D’autres méthodologies peuvent-elles être envisagées ? Un croisement des approches qualitative et quantitative serait-il de nature à enrichir la compréhension de la faillite ?
Le troisième est scientifique et tient dans l’obligation du questionnement du chercheur. Comment circonscrire ce phénomène dans sa totalité ? Comment faire progresser la connaissance de ce phénomène tant sur ses causes que sur ses conséquences sur l’ensemble des acteurs.

Calendrier :
01 octobre 2019 : envoi des propositions de communication
05 novembre 2019 : décision d'acceptation ou de refus
15 novembre 2019 : date limite d'inscription
29 novembre 2019 : colloque

 

Eric Séverin - eric.severin@univ-lille.fr
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