AIMS

Le chercheur peut-il apprendre dans sa recherche ? - 08 Mai 2016 - Paris

Le chercheur peut-il apprendre dans sa recherche ? Comment peut-il transmettre son apprentissage ? seront les questions abordées lors de ce colloque organisé à Paris les 23 et 24 juin par Télécom Ecole de Management, The University of Leicester et The American University in Paris. Les Keynote speakers seront Alphonso Lingis et Mathieu Brosseau (voir appel en pièce jointe)

La recherche d’objectivité conduit le plus souvent à inscrire le chercheur en dehors de sa recherche et à séparer l’objet d’étude de son contexte. Mais lorsque l’étude porte sur des phénomènes sociaux ou organisationnels, une telle absence de relation avec les participants, une telle coupure avec leur condition et leur situation présente, n’est-elle pas en un sens irresponsable ? Ne démontre-t-elle pas avant tout une absence de réflexivité ? Ne limite-t-elle pas les possibilités de comprendre et de découvrir des aspects inaccessibles depuis une distance, de même que les possibilités d’un réel engagement ? Une telle coupure ne limite-t-elle pas les possibilités d’un réel apprentissage, d’une transformation de ses présupposés et de sa pensée, d’une rencontre qui permet un apprentissage existentiel ?

Comment faire alors pour qu’une recherche nous enseigne quelque chose, dans ce sens fort de l’apprentissage ? Et ne serait-ce pas la marque d’une recherche pertinente que le chercheur ait appris quelque chose et que son texte nous la transmette ? Et comment alors écrire pour que l’écriture ne répète pas une telle coupure ?

Sans vraie relation avec les personnes étudiées, sans sincère réflexivité sur nos propres position, engagement et motivation, sans réinscription de l’enquête dans son contexte, notre projet risque en effet de se condamner à une amoralité, qui dans certaines situations peut devenir irresponsabilité, voire immoralité. Par contraste, Lingis (2016), confronté à des situations où il aurait pu se sentir victime, réfléchissant sur sa position, est amené à changer sa conception de la justice. Veissière (2009, 2010) se sent la responsabilité de s’engager pour aider les enfants des rues qu’il étudiait mais comprenant mieux le contexte va renverser complètement son action. Stewart (1991) plaide pour un savoir « contaminé », pour lequel le chercheur se mêle à l’univers étudié et inclut sa propre expérience dans la recherche. Brosseau (2015) choisit d’écrire depuis la position d’un réfugié, dans un état où toute conscience semble avoir été détruite.

Ces deux journées seront consacrées à explorer et réfléchir les positions du chercheurs dans sa recherche, notamment en termes de responsabilité, réflexivité et engagement dans un contexte ainsi qu’à s’interroger sur la performativité de ses textes.
Nous attendons des propositions de communication en lien avec le thème du colloque, notamment s’interrogeant sur l’éthique du chercheur, son lien avec le terrain étudié et sa performativité dans l’écriture.
Les propositions de communication d’environ une page sont à envoyer avant le 08 mai à jean-luc.moriceau@telecom-em.eu. Les propositions peuvent être rédigées en français ou en anglais. Certaines propositions, en relation avec une problématique liée à l’éthique ou l’engagement pour la société, seront sélectionnées pour publication dans la revue Society and Business Review.

Jean-Luc Moriceau - jean-luc.moriceau@telecom-em.eu
>> Programme (pdf) Picto_pdf