Cette recherche tente de comprendre comment certaines entreprises tunisiennes ont réussi à survivre dans le contexte mouvementé de transition démocratique caractérisant le pays depuis la fin 2010. La résilience des entreprises a essentiellement été analysée lors de crises violentes et ponctuelles. Dans de tels contextes, les chercheurs ont montré l’importance des capacités d’improvisation à partir des capacités possédées au sein du répertoire organisationnel de la firme. Cette improvisation consiste à développer des capacités d’absorption du choc et de renouvellement. Mais nous savons peu sur la résilience pendant des périodes longues de trouble. C’est pourquoi nous avons testé la transposition des résultats de recherche au cas de la crise tunisienne, à partir d’une analyse de 6 cas d’entreprises résilientes. Nos investigations tendent à montrer l’importance de deux capacités possédées, la prudence financière et le capital social de l’organisation. Si le cadre d’analyse de la résilience s’applique au cas d’une crise longue parsemée de chocs multiples et divers, notre recherche montre que la nature et l’éventail des capacités possédées et actionnées mérite d’être prise en compte pour comprendre la façon dont les entreprises font face à une succession d’événements menaçants.